J'ai du mal encore à réaliser ce qui est arrivé. Ce que j'ai fais, je ne le regrette pas, mais ce que ma soeur a subi. Je ne fais que y penser. J'aurais du faire plus, mais quoi ? Arriver plus tôt ? j'ose à peine imaginer toutes les horreurs et atrocités que ces connards lui ont fait. Je me dis que j'ai été bien trop doux avec eux. J'aurais du les faire souffrir comme il lui en fait du mal. J'imaginais pas ça. Quand j'ai reçu son sms, je savais qu'elle avait besoin de mon aide, mais j'imaginais pas qu'on la violenté de la sorte. Je me vois encore arriver et entendre un de ces porcs se vanter. J'ai vrillé. J'ai perdu la tête directement et je les ai tous tué dans une rage intense. Au fond de moi, j'espérais que je me trompais. J'espérais qu'ils ne parlaient d'elle mais d'une autre fille et que Eileen avait tout vu. J'avais tord. C'était elle, la victime et même si tous étaient morts, j'avais cette partie moi qui n'était pas satisfait. Ils l'ont salit et souillés elle ne sera plus jamais la même. Ils lui ont enlevé une partie d'elle et pour ça, je crois que je pourrais rien y faire. Elle n'a pas voulu que je le dise et je respecte son choix, je veux qu'elle sache que je suis là, mais je ne veux pas lui répéter à chaque fois. Elle le sait.

Je devais avoir mon appartement, mais j'ai repoussé. Ma mère était folle de joie à l'idée que son seul fils reste à la maison, mon père un peu moins, mais au fond il s'en fiche un peu. Il est content qu'on reste quelques temps de plus en famille. J'ai prétexté que l'appartement que j'avais trouvé a été vendu, mais c'est faux. Je veux rester pour Eileen. Je me dois de la surveiller, d'être présent. Je ferme les yeux, mais je ne dors pas vraiment. Souvent je regarde mon portable, pour être sûr de ne pas avoir loupé un de ses messages. Puis, le voilà. Mon téléphone vibre et elle n'est pas bien et me demande de la rejoindre. Je me lève et je parcours la maison discrètement jusqu'à la porte de sa chambre. Je toc un coup et j'entre. Je zyeute la pièce et c'est à peine si j'arrive à la voir tant qu'elle est recroquevillée sur elle. Je fais une petite moue et je ferme la porte pour me mettre à ses côtés. « J'suis là ma Lili.. » Je veux la serrer dans mes bras, mais j'ose pas vraiment la toucher. Je ne veux pas lui faire peur ou m'y prendre mal avec elle. Je me contente juste de poser ma tête doucement sur son épaule, même si j'ai juste envie de la serrer dans mes bras...  

J'ai toujours dit à mes sœurs qu'elles pouvaient compter sur moi. J'ai toujours dis de lancer un SOS en cas de danger et qu'importe ce que je fais ou autre, je rappliquerais dès que possible. Je l'ai toujours pensé et quand s'est arrivé je l'ai fais. Mais honnêtement, j'étais loin de me douter que ça arriverais. C'est comme quand on se prépare au pire, sans penser que le pire pouvait arriver. Et là s'est arrivé. Bordel, je suis fou de rage, comment on peut faire ça à une gamine ? A ma petite sœur en plus. Et si je me sens mal à ce point, comment elle peut se sentir ? Ca me fou la rage !! J'aime savoir qu'elle est au bout du couloir, en sécurité, mais pas vraiment... Je vois son message et je vais la voir. Elle est sécurité physiquement, mais mentalement, elle ne l'est pas. Tout doit se refaire en boucle dans sa tête et moi, je suis comme un con, sans savoir quoi faire, ni comment réagir. Je finis par me poser à ses côtés, juste la tête sur son épaule. J'ose pas la toucher. Est ce que son corps lui fait mal ? Est ce qu'elle va penser que moi aussi je pourrais lui faire du mal ? Puis elle dit vouloir que tout s'arrête et viens se poser contre moi. Je la prends délicatement dans mes bras et je la serre, mais pas trop fort. Pas pour lui faire mal, juste lui montrer que je suis là, qu'elle n'a rien à craindre. « J'aurais aimé en faire plus... » Je sais que je ne devrais pas, mais je m'en veux. J'ai l'impression d'avoir failli à mon rôle de frère. J'ai laissé les gens lui faire du mal.

Je la serre tout contre moi, m'appuyant avec mon menton sur sa tête. Comme si je pouvais la faire entrer de moi. Et je l'entends. Ses mots me glacent le sang. J'ai envie de la secouer, mais je peux pas, je la serre un peu plus fort. « Dis pas ça ma Lili... Je te préfère avec moi. Je peux pas imaginer tout ce qu'ils t'ont fait, mais je n'imagine pas un monde sans toi. » J'ai tellement peur de la braquer, de dire des choses qu'elle prenne mal. Mais je peux pas la laisser penser ça. Et si elle pense comme ça, est ce qu'elle est capable d'aller plus loin ? Je veux dire, elle ne se ferait pas du mal volontairement ?? « Je t'aime... Je suis désolé de pas t'avoir protégé. Mais t'es forte, même si tu n'y crois plus maintenant. Ca va être dur, mais j'te jure que tu vas te remettre de tout ça. Cela prendra du temps, mais t'es pas seule. Je suis là. Je te promets que je te laisserais pas. Jamais.. » J'aurais aimé les faire souffrir d'avantage, leurs morts n'ont pas été assez cruelles.  

Je dormais que d'un oeil, et encore c'est peu dire. Je fais que penser à ce SMS, à ce que j'ai fais la-bas. Je me reconnais pas. C'est pas la première fois que je tue des gens, mais la première fois avec une telle violence. Comme si j'avais découvert une noirceur au fond de moi. Mais quand je suis arrivé, je ne sais pas. J'ai compris, enfin à moitié. Je me doutais pas qu'ils avaient fait tout ces atrocités à Eileen... Maintenant elle était à la maison, je me disais qu'elle avait plus rien à craindre. Enfin, physiquement, car psychologiquement c'est autre chose. Elle a ses souvenirs qui vont la hanter pendant encore longtemps, peut être toute sa vie. Et pour ça, je ne sais pas si je vais pouvoir l'aider. Je me dois donc d'être là, chaque jour, chaque minute, pour lui montrer qu'elle n'est pas seule. Lui montrer qu'elle peut compter sur moi, même si papa serait mieux faire. Mais elle a été formelle, elle veut que personne ne le sache. Et je me dois d'accepter sa demande, son choix. C'est pour ça que j'accours quand elle me demande de venir et je me pose à ses côtés. Sauf, que je ne sais pas comment réagir face à elle. J'ai peur de lui faire mal, d'appuyer sur ses blessures, j'ai peur aussi qu'elle pense que je suis comme ses sales mecs. Je la serre un peu plus fort quand elle me dit que je l'ai sauvée. « Je ferais toujours tout pour toi... » C'est peu, mais je ne sais pas que lui dire d'autres. Pour moi je l'ai pas sauvée, mais je peux pas lui dire ce que je ressens, elle ne bave déjà assez comme ça.

Mes mots ne suffisent pas et je l'entends dans sa voix, comme si elle était déçue que j'ai pu la sauver. J'imagine pas tout ce qu'elle a pu subir et elle en a pas envie. Je sais pas quoi lui dire. Et pourquoi me dire que je serais toujours dans le faux ? Ca veut dire qu'ils ont fait pire que ce que je pourrais imaginer ? Mon cœur s'accélère ainsi que mon souffle. Je sais vraiment pas comment réagir, alors je me contente de la garder près de moi et de la serrer. Comme si mes bras avait le pouvoir de tout effacer, sauf que ce n'est pas possible. Bordel, que dire dans ses situations ? Je lui fais juste savoir que je l'aime et que je suis désolé. Elle me rassure, mais c'est pas à elle de le faire, puis là elle me demande comment faire pour tout effacer... « Il faut que ça sorte, faut en parler je pense... Si c'est pas maintenant ça sera plus tard. Tu peux pas garder ça pour toi. Si tu veux pas me le dire, tu peux voir quelqu'un ou alors écrire. Tu sais, comme le dis maman pour te débarrasser de tes pensées... ou du moins essayer.. » J'en sais rien si ça marche, mais maman nous a toujours dit d'écrire nos cauchemars et nos mauvaises pensées pour les sortir un peu de notre tête. Peut-être que ça sera pareil ? J'en sais rien. Je sais que petit ça marchait pour nous, mais ce n'était que des cauchemars, donc est ce que ça serait pareil avec du réel ? « Eileen, t'es sûr que tu veux pas le dire à papa, ou même à maman ? Je te force en rien et je respecterais ton choix.. Mais je suis que moi.. » Je sais pas quoi ajouter d'autres, mais je me demande pourquoi elle n'a appeler notre père ou alors Tomhas qui est un comme "le garde du corps" des filles. Enfin celui que papa a donné comme mission d'être là si les filles -ou même moi- en avait besoin. Je veux dire, pourquoi c'est moi qu'elle a prévenu et pas quelqu'un qui aurait pu mieux l'aider et la soutenir ?

Je suis convaincu que j'ai vécu l'une des nuits les plus atroces de ma vie et je n'ose pas imaginer ce que ma sœur a pu endurer. Si seulement.. Si seulement j'avais pu arriver plus tôt. Je ne sais pas si cela aurait pu changer quoi que ce soit... Peut-être aurais-je dû être plus impliqué dans mon rôle de grand frère ? En m'investissant davantage et en insistant pour l'accompagner à cette soirée... Cependant, notre père était d'accord, donc pourquoi remettre son avis en question? Puis, c’est pas un truc auquel on pense... Putain, la culpabilité me ronge et je me sens tellement impuissant.  Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider Eileen et faire en sorte qu'elle se sente en sécurité. Je sais que je ne pourrai pas changer le passé, mais je peux faire en sorte que l'avenir soit meilleur. Il est de ma responsabilité de prendre soin d'elle et de mes deux autres petites sœurs. Je tourne cette histoire dans ma tête et je veux être présent pour elle, il le faut. Surtout que pour l’instant elle veut en parler à personne... C’est pour ça que je me force à ne pas fermer les yeux, si elle a besoin de moi. Et je fais bien, car elle me demande de venir dans sa chambre, chose que je fais presque immédiatement !

J’aimerais avoir des pouvoirs magiques pour lui enlever ses souvenirs, ses marques sur son corps.  J’aimerais tant pouvoir effacer tout ce qu’elle a vécut, mais c’est impossible... J’ai rien qui me vient, mise à part l’écriture, comme maman nous l’a toujours dis. Le fait d’écrire sur papier ça permet de mettre en ordre nos pensées. Enfin un charabia dans le genre. Je ne suis pas certain que cela fonctionne, mais elle peut essayer? Ses paroles me déchirent le cœur. « Moi aussi j’aimerais que tout cela ne soit jamais arrivé... ». Je la serre davantage dans mes bras. Ouais, j’aimerais que ce soit jamais arrivé, que personne ne lui ait fait du mal. Car je sais que même si je suis là pour elle et que je vais l’aider  à trouver la force et le courage pour surmonter cette épreuve, Eileen sera désormais différente pour toujours. Et moi aussi je suis dans le même cas. Depuis que je suis enfant, mon père m'a toujours prévenu que je pourrais un jour être amené à tuer quelqu'un, mais je ne m'attendais pas à cela... Je ferme les paupières un court instant alors que tous ces flashs, tout ce sang me submergent. Je ne dois pas. Je ne dois pas être faible. C'est elle qui a enduré tout cela, ce n'est pas à moi qu'on a fait du mal, mais à elle. Je dois me ressaisir.

Elle se recule de moi pour se recroqueviller sur elle-même. Je la laisse faire, car elle a besoin d'espace, et je dois lui laisse son espace. Je respecte son désir de solitude, même si cela me fait de la peine de la voir dans cet état. Ce que je désire, c'est l'envelopper de mes bras et apaiser sa douleur et ses tourments. J’ai juste envie de la garder à mes côtés pour l'éternité et la préserver.  Je l'écoute attentivement et je fais une petite moue, mais je comprends ce qu'elle ressent. Enfin, je peux comprendre qu’elle veuille que personne ne soit au courant...  « Dis pas des choses stupides ! Tu n’es pas égoïstes. Ne pense pas à moi, moi je suis rien dans cette histoire. Faut penser à toi sœurette... » Je pose doucement ma main sur elle, mais je ne sais pas si je dois. je ne sais pas, je lui fais peut être mal, alors j’enlève presque immédiatement. « Si tu veux rien dire, on ferra comme ça. On garde ça entre nous, personne ne le saura jamais, je t’en fais la promesse. » Je tente d’accrocher son regard et lève le petit doigt devant elle. Je me rappelle, quand nous étions enfants, que chaque fois que nous faisions une promesse, nous levions notre petit doigt et les croisions ensemble pour la sceller. C'était notre façon de s'assurer que nous tiendrions nos engagements. Aujourd'hui, j'utilise ce geste symbolique pour lui montrer qu'elle peut me faire confiance. « Moi Eoghan Byrne, je jure de ne jamais rien dire à qui que ce soit sur ce qui s'est passé cette nuit là. Je te jure aussi d'être toujours là pour toi, d'être l'épaule sur laquelle tu peux venir pleurer et d'être les poings qui cogneront tous ceux que tu veux. En échange, tu me donneras toujours tes desserts... » Je tente une pointe d'humour pour essayer de lui décrocher un sourire, bien que je suis pas sûr de le revoir un jour... Puis, c'est quand même cher payer, car les desserts de Mama sont à tomber...

Quand j'ai reçu ce sms, des tonnes de pensées ont traversé mon esprit, mais ça, non... J'ai tout mis de côté pour aller la chercher. Après, j'ai commencé à envisager toutes les possibilités, les scénarios les plus fous et les plus terrifiants. Je ne pouvais pas imaginer que ce que je verrais puisse être le pire des scénarios. Et encore, le mot est loin d'être assez. Je sais pas vraiment ce qu’il s’est passé, mais j’ai vite réalisé que tout ça c'était pas normal. J'ai pris une profonde respiration et j'ai décidé de faire face à la situation. A ce moment précis, il n'y avait qu'une seule alternative : les exécuter. C'est ce qui m'a semblé être la meilleure option. Après avoir découvert ce qu'ils ont fait à ma Lili, je me suis rendu compte que j'avais eu raison de les envoyer directement en enfer. Bien que j'aurais aimé les faire souffrir davantage. J'ai actionné la gâchette et j'ai éliminé les uns après les autres. Sans jamais fermer les yeux. Sans tuer un seul par derrière, non ils devaient mourir en voyant de qui cela venait. C'est mon père qui m'a m'a toujours dit que je devrais comme ça. Bien entendu, je ne lui dirais pas que j'ai commis mon premier meurtre, enfin mes premiers meurtres...

Difficile de savoir si ces images me quitteront un jour. On dit que l'on n'oublie jamais sa première fois, et je pense que les fois suivantes sont également difficiles à effacer. En tout cas, je dois faire face et agir comme si cela n'existait pas. J'parle pas de ce qu'ils ont fait à ma petite sœur, mais ce que j'ai moi-même fait... Je dois surmonter cela. Il est question d’Eileen, pas de moi ! Je ne sais pas comment me comporter avec elle. Je ne sais plus. J'ai toujours été très tactile, mais est-ce que cela signifie que je dois le rester? Il est possible qu'elle a encore mal quelque part et je ne veux pas lui faire encore plus mal. Je ne veux surtout pas qu'elle pense que je vais lui faire du mal comme eux lui ont fait. Je me sens un peu maladroit, comme si je ne savais plus comment interagir avec ma propre soeur. Je ne veux pas qu'elle se représente leurs mains lorsque je la touche, je ne veux pas non plus qu'elle puisse penser que je ne veux plus la toucher, car elle mé degoute ou je ne sais quelle connerie. Tout s’embrouille... « Oui, je t’ai vengé et si c’était a refaire, je le referais. J’tai dis je serais toujours là pour toi. Mais ne te préoccupe pas de moi, s’il te plait, pense à toi. » Je choisis chacun de mes mots. Elle est tellement fragile, j’ai peur d’utiliser un mot qu’il faut pas, le mot de trop qui pourrait la faire chuter...

C’est si facile de ne pas se relever une fois qu’on est à terre. Elle doit trouver tout ce qui l'entoure tellement vide et sans intérêt. Du moins j’imagine.. Je ne sais pas ce qu'elle éprouve et je la vois progressivement se refermer comme une coquille. Je me demande ce qui se passe dans sa tête, mais je ne veux pas la brusquer en lui posant trop de questions. Je suis là pour elle, mais je ne sais pas comment lui apporter mon aide. Peut-être que la meilleure chose que je puisse faire est simplement d'être à ses côtés et de lui montrer que je suis là pour elle, peu importe ce qui se passe. Je tiens à ce qu'elle sache qu'elle n'est pas seule et qu'elle peut compter sur moi, même si je pense qu'elle est déjà au courant. Je ne réagis pas à sa phrase, mais je lui fais la promesse de garder le silence et d'être là pour elle. Je termine par une pointe d'humour, mais malheureusement elle ne réagit pas. Son sourire a disparu et je crains de ne plus jamais entendre son rire. Je ne suis pas intéressé par ses desserts, je voulais simplement obtenir une réaction de sa part. Après tout, c’est peut être trop demandé. C’est peut être trop tôt. Je prends une grande inspiration et me relève d’un coup. « Allez lèves toi. Allez debout, je t’emmène quelque part. Mais tu dis rien à personne. Ok ? Allez lèves toi !!! » Il faut qu’elle se change les idées, qu’elle évacue tout se qu’elle a au fond d’elle même et j’ai peut-être la solution. Toutefois, si notre père découvre cela, je suis certain que je suis un homme mort...

Mon cœur se serre en entendant l'histoire de ma sœur. Chaque foutu détail qu'elle balance, c'est comme si on me plantait un couteau dans le bide. J'essaie de pas montrer ma propre détresse, mais c'est rude. La voir comme ça, ça me démolit. J'ai envie de fracasser la gueule à ces salauds qui lui ont fait ça, encore une fois. Même s'ils sont tous crevés, rien que d'la voir comme ça, j'ai envie encore de les faire saigner... Maintenant je comprends pourquoi elle se referme sur elle-même, pourquoi elle veut pas qu'on la touche. Chaque marque sur son corps, c'est une douleur qu'elle doit encaisser, et je réalise que juste ma présence peut lui rappeler tout ça. Quand elle dit qu'elle peut pas penser à elle-même et qu'elle s'inquiète pour moi, ça me touche. Ma sœur, dans tout son bordel, elle trouve encore la force de s'inquiéter pour moi. Ça montre à quel point elle est forte, même quand elle est au plus bas. « Je comprends, Lili. Mais écoute-moi bien, d'accord ? Tu dois te préoccuper de toi-même maintenant. C'est crucial. Je vais bien, vraiment. Mais toi, tu as besoin de toute ton énergie pour guérir, pour te reconstruire. Je serai là pour toi, je te le promets. Mais je veux que tu te concentres sur ta propre guérison. Tu es la priorité, Lili. Tu es la seule personne qui compte pour moi en ce moment. »

Lorsqu'enfin elle est OK pour me suivre, je lui adresse un sourire, bien que mon cœur soit toujours lourd de chagrin. La voir prendre ses médicaments avec cette pointe d'inquiétude me serre les tripes. J'espère juste qu'elle ne va pas en prendre trop, même si je sais que la douleur qu'elle ressent est insupportable. « Viens avec moi, Lili. J'vais te montrer un truc qui peut te donner de la force, de la confiance. Quelque chose qui peut te permettre de te défendre... » Je marque une pause, me retenant de finir ma phrase. Je pourrais ajouter au cas où tu te retrouverais face à des salauds encore une fois", mais ça serait juste ajouter du poids à son fardeau déjà écrasant. « Fais-moi confiance. » Mon bras tendu lui offre non seulement un soutien physique, mais aussi une promesse implicite : celle que je serai là pour elle, quoi qu'il arrive. C'est un symbole de soutien solide, de cette détermination silencieuse qui me brûle les tripes.

On marche vers la porte, rien que nos pas qui résonnent dans le silence. Une fois dehors, l'air nocturne nous enveloppe, comme un soupir de soulagement. Je la guide jusqu'à ma bagnole, pas la plus chic mais elle fait le taf. Sur la route, je garde la bouche close, laissant juste le moteur ronronner entre nous. Après une vingtaine de minutes, on débarque enfin. Un terrain vague, rien ni personne à des kilomètres à la ronde. C'est juste elle et moi. J'lui lance un regard, un peu de malice dans les yeux, et j'ouvre la boîte à gants. Là, elle découvre un flingue. Je prends une profonde inspiration, essayant de lui transmettre un peu de mon propre calme. « Ça peut sembler dingue, mais je veux que tu apprennes à te défendre... » je dis doucement, mes yeux rencontrant les siens avec détermination. « e vais te montrer comment te protéger, comment te sentir en sécurité. » Je sors le pistolet, vérifiant qu'il est déchargé avant de le lui tendre. « Prends-le » je lui dis, ma voix ferme mais rassurante. « Je vais te montrer comment le manipuler, comment t'en servir pour te défendre si tu en as besoin. » Je sais que ça peut sembler radical, mais je refuse de laisser ma sœur être à nouveau une victime. Je suis prêt à tout pour la protéger et je l'ai déjà prouvé.

Eileen semble complètement flippée à l'idée de bouger, pas sûr de ce que je manigance ou de là où je l'emmène. Son visage, c'est un mélange de douleur et de peur qui me rappelle à quel point elle est vulnérable maintenant. Elle préfère s'inquiéter pour moi, comme si ça lui donnait un peu de contrôle, plutôt que de se concentrer sur ses propres problèmes. C'est dur d'la voir comme ça, complètement fracassée de l'intérieur, comme un vase qui s'est cassé en mille morceaux. Et moi, je suis là, à essayer de rafistoler tout ça, même si je sais que ça ne sera plus jamais comme avant. « Je te comprends... C'est normal d'être déglinguée après ce qu'il s'est passé. Mais crois-moi, tu es plus solide que tu le penses. Même si tu te sens naze à l'intérieur, ton corps va s'en remettre. Et on va trouver un moyen de réparer ce qui ne se voit pas. Ensemble. » J'essaie de lui envoyer un sourire, même si je sais qu'elle est pas convaincue.

Elle avale quelques cachets, peut-être un peu trop, mais j'dis rien. J'ai pas envie de m'incruster dans ses affaires, même si je flippe un peu qu'elle en abuse. J'crois qu'elle les prend juste pour arrêter de penser, pour mettre son cerveau en mode pause. Et même dans cet état, elle trouve la force de me suivre, agrippée à mon bras comme si c'était son dernier recours. Dans la caisse, elle se renferme sur elle-même, ses yeux qui scrutent partout, comme si elle avait peur de chaque recoin. Puis on arrive dans un coin paumé, loin de tout. La tension est palpable quand j'ouvre la boîte à gants et que je sors l'arme à feu. Ses yeux se posent dessus, entre fascination et peur, comme si elle se retrouvait face à un serpent prêt à mordre. Ses mots, chargés de peur et d'incertitude, montrent à quel point elle se sent vulnérable. « Non, Eileen. Pas pour buter, mais pour te protéger ! Ça va pas régler tous tes soucis, mais ça peut te donner un peu plus de confiance, et décourager ceux qui veulent te faire du mal. »

Elle prend l'arme avec hésitation, la regardant comme si elle cherchait à comprendre comment ça marche, comme si c'était un truc mystérieux qui pouvait la sauver. Quand elle pose son doigt sur la gâchette, j'retiens mon souffle, j'ai un peu peur qu'elle fasse une boulette, un truc sans retour en arrière, mais j'lui fais confiance. Elle a besoin de savoir qu'on croit en elle. Je lui envoie un sourire encourageant, pour lui montrer que j'suis là, qu'elle peut y arriver.
On sort de la caisse, j'm'approche doucement d'elle, en essayant de pas la brusquer. J'lui explique comment tenir l'arme, comment viser, comment tirer en sécurité. Chaque geste est pensé pour lui montrer que c'est pas un jouet, que c'est sérieux. J'veux qu'elle comprenne que c'est un dernier recours, pas une solution magique. « La première règle, c'est de toujours considérer une arme comme chargée, même si tu penses le contraire. Et la deuxième, jamais pointer vers quelque chose que tu veux pas détruire. Maintenant, on va s'entraîner... » Et quand j'sens qu'elle est prête, on passe à la pratique, j'lui propose de tirer sur quelques bouteilles vides pas loin. « Vas-y, Lili. T'as ça en toi. » Je l'encourage doucement, prêt à intervenir si elle a besoin d'aide.